Entretien avec Elodie Roueil – DRH de Bpifrance : « Porter le projet d’entreprise, même à distance »

Bpifrance, banque publique d’investissement, organisme français de financement et de développement des entreprises, dirigée par Nicolas Dufourcq recrutera cette année plus de 500 talents.  J’ai eu le plaisir de rencontrer au siège de l’entreprise, Elodie Roueil, Directrice des Ressources Humaines Groupe Adjointe et Directrice des Ressources Humaines de Bpifrance Investissement.

Entretien très chaleureux dans les locaux presque désertés de Bpifrance  – le temps de la crise sanitaire – avec une DRH éclairante qui a su mettre en place avec ses équipes une formidable impulsion digitale et humaine dans cette période inédite.  

Agnès DURONI : Elodie, pouvez-vous nous expliquer quelle est la mission de Bpifrance ?

Elodie ROUEIL : De la création à l’introduction en bourse, nous accompagnons les entreprises sur tout leur cycle de vie. Voir et participer à tous ces moments-clés est très enrichissant. Les contacts avec les dirigeants et les entreprises au quotidien sont très variés et donnent beaucoup de sens à nos missions. Les équipes Bpifrance sont de véritables partenaires et nous sommes aux côtés des entreprises et des entrepreneurs pour les accompagner dans leur développement et dans les moments plus difficiles. Cette mission d’intérêt général guide notre action et impacte tous les métiers au quotidien. Les équipes Bpifrance se concentrent sur l’essentiel : faire grandir les entrepreneurs avec professionnalisme et bienveillance. Nous avons chacun un métier différent mais un but unique et cela se ressent beaucoup en interne. Rejoindre Bpifrance, c’est une aventure, un parcours pour grandir. Le cadre de travail et les missions sont là pour ça. Nous sommes fiers de porter ensemble notre mission et d’être utile à nos clients, nos partenaires, notre écosystème et à la France.

AD : Compte tenu de la période actuelle, quelles sont vos priorités en tant que DRH ?

ER : Nos sujets RH sont ceux d’une entreprise en croissance. Il s’agit de recruter les bonnes personnes au bon moment et au bon endroit, dans un monde paradoxal où l’emploi est très affecté avec des candidats qui ont moins d’appétence pour bouger. Auparavant, la prise de risque était courante dans les métiers des services. Quitter un poste pour en prendre un nouveau, c’était beaucoup plus naturel. Aujourd’hui, le monde est moins mobile, moins fluctuant, y compris pour les entreprises qui sont bien établies.

Dans la fonction RH, nous sommes dans des métiers qui sont « processés » et huilés mais nous devons aussi être à l’écoute des collaborateurs, nous adapter en permanence pour être à l’appui de la performance. Le métier de DRH évolue : notre vérité du mois dernier est différente de celle du mois prochain. Et notre manière d’agir une semaine peut-être différente de celle de la semaine suivante. Avec la crise sanitaire, il faut savoir gérer de longues périodes de temps constituées d’étapes courtes, tout en gardant le cap.

Nous sommes d’autant plus attentifs à maintenir nos processus RH sans interruption ni reprogrammation (recrutements, paie, campagne d’augmentation, campagne d’entretiens annuels, accords, etc). À titre d’exemple, nous avons signé notre nouvel accord handicap Groupe en octobre 2020.

Nous maintenons une politique RH centrée sur l’humain et le Care collaborateur. Nous accompagnons les initiatives de Qualité de Vie au Travail, comme avec le renouvellement de la signature du « Manifeste pour le mécénat de compétences » le 15 janvier dernier. Ce sont des actions qui s’inscrivent dans notre stratégie RSE : Bpifrance a également signé un nouvel accord d’organisation du travail (télétravail, mobilité durable) tout comme elle a l’ambition de devenir la Banque du Climat.

Nous restons près des jeunes. Nous prévoyons d’ailleurs un important volume de recrutement, notamment dans le cadre de notre prochaine campagne de stage/alternance.

AD : Comment avez-vous vécu la crise sanitaire ? Comment avez-vous réagi face à la pandémie ?

ER : Nous avons basculé dans un monde totalement nouveau et nous nous sommes adaptés très rapidement ! La période sanitaire a été un catalyseur des ressentis. Nous avons lancé des enquêtes avec des restitutions et des actions toutes les semaines, ce qui a permis de remonter de façon dynamique des idées avec beaucoup de dialogue.

Lors du premier confinement, un fort besoin s’est ainsi fait ressentir : les écoles étant fermées, nous devions accompagner les personnes qui travaillaient à la maison, trouver des solutions et des outils pour que les enfants continuent d’apprendre et que les parents puissent continuer à travailler. Nous savons former à distance, alors nous avons fait basculer tous nos dispositifs en format digital. Nous avons mis en place un dispositif de cours pour élèves du CP à la Terminale que nous avons renforcé peu à peu avec un dialogue constant avec les partenaires sociaux. Cela a été un véritable succès.

Durant cette période, il y a des murs qui se sont effondrés, il n’y avait plus de heurts à poser des questions en direct aux collaborateurs. Nous avons décomplexé l’échange. Lors du premier confinement, il y avait ce besoin. Maintenant c’est différent, nous devons gérer une situation anormale sur un temps long.

L’enseignement de cette crise, c’est que nous avons tous été solidaires. Auparavant, nous venions travailler au bureau, dans un endroit identique pour tous. A présent, nous vivons des situations particulières, avec des circonstances familiales propres à chacun. La porosité des sphères professionnelles et privées nous a motivés à accompagner les collaborateurs, toujours dans une optique de performance et de bienveillance. Il est essentiel que chacun se sente bien dans ce contexte très particulier.

 

AD : En cette période particulière, qu’avez-vous mis en place chez Bpifrance pour faciliter le bien-être des collaborateurs, la communication, la bonne ambiance  ? Comment réaliser en digital les évènements dont vous étiez adeptes ? Comment donner l’impulsion quand on est 100% télétravail ?

ER : Nous avons accompagné les collaborateurs, pour qu’ils soient encore plus intégrés dans le projet d’entreprise avec des dispositifs de formation digitalisés et adaptés. Nous avons mis en place des webinaires avec des professionnels sur différentes thématiques (bien-être, santé et RPS, communication à distance,…), des ateliers qui permettent de travailler sur la charge mentale, l’organisation, etc, et qui sont accessibles chaque semaine en interne à l’ensemble de nos 3300 collaborateurs.

Nous avons conçu une communication spécifique pour communiquer sur les actualités et nos dispositifs : des newsletters hebdomadaires destinées aux collaborateurs, des newsletters dédiées au managers, un guide des activités en période de confinement, etc. Nous avons aussi mis en place des boites mail RH dédiées et des sessions régulières de chats en direct avec Nicolas Dufourcq, suivis d’échanges questions/réponses.

Les managers disposent de formations dédiées et d’outils (classes virtuelles, coaching, ateliers et conférences) pour continuer à animer les collectifs de collaborateurs. Nous avons développé pour eux un programme spécifique et nous avons créé un network dédié au sein duquel nous fournissons une base d’information et de la pédagogie.

Avant la crise sanitaire, nous nous réunissions régulièrement pour fêter divers évènements. Aujourd’hui c’est différent mais nous continuons. Il est ainsi possible d’animer des ateliers de team building à distance ou de partager des moments conviviaux autour de la recette d’un bon petit plat. Nous avons également tenu un événement via Teams, avec 600 personnes pour partager une vidéo et lancer la feuille de route.

 

AD : Aujourd’hui, est-ce que votre Marque Employeur est attractive ?  Qu’en est-il du recrutement ?

ER : Notre marque employeur est attractive. Beaucoup de talents ont envie de nous rejoindre. Nous avons cette chance et nous devons continuer de convaincre sur la pertinence de nos projets, la stabilité de nos métiers, la croyance du futur. Lorsque nous diffusons une offre sur notre site carrière nous recevons 600 à 800 CV, parfois 2000 CV. Nous devons répondre à tout le monde et expliquer pourquoi nous refusons certaines candidatures.

Nous n’hésitons pas à utiliser l’approche directe et nous pratiquons aussi le slow recruiting avec des personnes que nous aimerions recruter. Nous pouvons garder le contact avec certaines d’entre elles pendant plusieurs années avant de les embaucher.

Aujourd’hui beaucoup de jeunes n’ont pas de stages. Il y a de la compétition, les candidats doivent saisir leur chance et trouver la meilleure entreprise dès le début. Les jeunes stagiaires n’hésitent plus à lancer sept ou huit process en même temps. Avant, c’était plutôt quatre.

En ce qui concerne l’interne, nous menons tous nos process en digital. Nous avons formé les managers à recruter et évaluer avec des outils digitaux. En revanche, lorsque ceci est possible l’entretien final se déroule en présentiel. Néanmoins, en période Covid, nous avons recruté 50 personnes en full digital et tout s’est bien passé !

Quelques jours après le début du confinement, nous avons appris que 85 personnes recrutées devaient arriver le même jour. Habituellement nous prenons en charge l’intégration, mais dans ce contexte, nous devions nous réinventer. Cela requiert un mélange de créativité, d’échanges et de bon sens. Nous avions également les 150 recrutés du mois précédent qui étaient encore nouveaux dans l’entreprise. Nous avons basculé l’intégration en digital en mettant en place des escape games virtuels, des jeux de l’oie collectifs, etc. Et nous avons ainsi accueilli 150 collaborateurs en mars puis 150 en mai et 150 en Juin avec un séminaire d’intégration 100% digital.

AD : Pourriez-vous nous parler d’un point qui vous caractérise ?

ER : J’aime circuler dans l’entreprise. Pour aller d’un point A à un point B, je prends le chemin le plus long. Cela me permet de voir les équipes, d’avoir une discussion, de capter l’énergie, l’ambiance… De façon informelle, on sent la tension, l’attention, l’activité, l’agilité, la concentration, la fébrilité. Il est important d’avoir une connexion maximale, qui ne se fait pas seulement au travers du travail et des missions. Nous devons aussi transmettre la bonne énergie.

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EN 2021, BPIFRANCE RECRUTE PLUS DE 500 PERSONNES POUR LES POSTES SUIVANTS 

Chargé d’affaires, Chargé d’étude, Chargé de gestion, Chargé de développement Export, Chef de projet informatique, Analyste activité de marché, Auditeur, Investisseurs en Capital Développement, Responsables Conseil, et bien d’autres.

Toutes les offres d’emploi disponibles sont à retrouver sur le site carrières de Bpifrance.

BPIFRANCE, CHIFFRES CLÉS

  • Création en 2012
  • 3 300 collaborateurs
  • 5 métiers : le financement, la garantie bancaire, l’investissement, l’international, l’accompagnement

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