ISCOM – Entretien avec Sylvie Gillibert : « La communication est une discipline éminemment centrée sur l’humain »

L’ISCOM (Institut Supérieur de Communication et de Publicité) a été fondé à Paris en 1986. Cette grande école a développé un réseau de 8 établissements en France et a tissé des partenariats internationaux avec des universités et des entreprises à travers le monde.

L’ISCOM, c’est aussi une école où j’interviens pour transmettre quelques convictions sur la Marque employeur ainsi que les nouveaux modes de management.

Discussion passionnante avec Sylvie Gillibert – Directrice Innovation & Développement de l’ISCOM – qui se confie avec authenticité et nous donne sa vision de la situation actuelle. A la fin de l’entretien, Sylvie s’est prêtée avec humour au jeu du Portrait Chinois, une nouvelle rubrique du blog à découvrir ici

Agnès Duroni : Sylvie, quelles sont les évolutions que vous avez observées dans le comportement des étudiants ces dix dernières années ?  

Sylvie Gillibert : C’est une génération qui n’a pas froid aux yeux, qui pense que » tout est possible » et que le monde est ouvert. Ils ont cette volonté de changer le monde et ne s’encombrent pas de ce côté policé que nous pouvions avoir. Ce qui apporte beaucoup d’agilité dans la relation.

Paradoxalement, je trouve que les jeunes manquent parfois d’audace. Est-ce dû à la période anxiogène ? Est-ce une nouvelle forme de maturité par rapport aux générations précédentes ? C’est une génération qui devrait plus oser, se lancer, s’émanciper, s’affranchir du regard des autres.

A l’ISCOM, nous avons des profils de communicants. Les étudiants sont souvent débordants d’idées, d’inventivité. Parfois, ils ont une telle envie de se projeter qu’ils se privent de cette capacité à s’appuyer sur ce qui a été fait auparavant. Mais c’est aussi à nous de les encourager à asseoir leur créativité sur des réflexions existantes pour aller peut-être encore plus loin. Et leur donner des clés et des explications sur le passé.

Nous devons également les aider en tant qu’enseignants à développer un esprit critique, leur donner des grilles de lecture. Enfin notre mission ne s’arrête pas à la transmission de connaissances, nous devons les accompagner et les guider face aux difficultés auxquelles ils sont confrontés.

AD : Depuis mars 2020, vous avez dû organiser l’enseignement à distance. Comment avez-vous procédé ? Quels comportements avez-vous observés ?

SG : À la rentrée, une partie des cours de l’ISCOM était en présentiel et une partie était assurée à distance. À présent, tout se fait en distanciel. Avec la crise de la COVID, nous avons adapté l’enseignement à distance avec toutes les contraintes que cela impose aux étudiants. Je pensais que ce serait plus compliqué. Les étudiants sont très solidaires, très participatifs. Ils se sont investis dans leur rôle de « relais » et ont développé naturellement et solidairement le « peer to peer ». Une belle leçon de résilience et de responsabilisation.

Ce n’est pas toujours simple pour les enseignants, notamment parce que nous sommes dans le secteur de la communication et rien ne peut se faire sans mimétisme. Par écran interposé, c’est plus compliqué. La communication est une discipline éminemment centrée sur l’humain, et la distance ne facilite pas son enseignement. Une remise en question totale de la pédagogie et de l’expérience apprenant est indispensable.

La situation permet donc de constater qu’il y a des compétences à développer parmi les étudiants et les enseignants, notamment en lien avec la capacité à rester attentif, à distance. En visioconférence c’est plus difficile, même s’il existe des outils techniques et interactifs qui peuvent nous y aider.

Les étudiants ont néanmoins cette capacité à rester concentrés. Je pense que c’est surtout de la structure que nous devons leur apporter, car ils sont dans un monde fluide. Il se peut même qu’un étudiant soit plus réceptif en distanciel car l’environnement familier n’est pas artificiel. Il y a encore beaucoup de voies d’innovation à explorer. Nous devons réinventer, prendre en compte les contextes.

AD : Dans le contexte actuel, quels conseils donneriez-vous aux jeunes diplômés qui recherchent un emploi ?

SG : Le premier conseil que je leur donnerais, c’est qu’ils croient en eux-mêmes. Croire en soi est fondamental car chaque individu est unique. Chacun a sa place dans notre société et a quelque chose à apporter au collectif. Chacun peut trouver son rôle et sa mission. Mais cela nécessite d’avoir confiance en soi. C’est peut-être le plus compliqué aujourd’hui.

J’ajouterais que c’est bien d’avoir confiance en soi mais sans arrogance, avec humilité. C’est à dire avoir un regard juste sur soi, qui ne soit pas démesuré mais en pleine conscience de soi : être conscient de ses capacités. Ces deux notions, confiance en soi et conscience de soi, sont très importantes. L’arrogance que l’on constate parfois est une arrogance maladroite due à un manque de repères. Il s’agit souvent d’impétuosité, d’envie d’aller voir ce qui existe ailleurs.

Et enfin, je dirais qu’il leur faut développer et encourager leur capacité d’étonnement. Elle est nécessaire pour conserver sa créativité. L’étonnement, c’est aussi savoir faire attention à ce qu’il y a autour de soi. Il y a une forme de curiosité et d’humilité. Nous sommes dans un siècle de découvertes, de mutations, de transformations. Quand il y a moins de transformations, on a plus facilement la capacité à s’étonner. Aujourd’hui, plus rien ne semble impossible, pourtant continuer à être étonné, c’est nécessaire.

 

Découvrez aussi le portrait chinois de Sylvie ici 

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